Accueil MAISONS Dix-huit bouteilles de Ruinart millésime 1926 retrouvées dans la cave de Paul Bocuse

Dix-huit bouteilles de Ruinart millésime 1926 retrouvées dans la cave de Paul Bocuse

L’un des dix-huit flacons retrouvés de Ruinart 1926 chez Paul Bocuse ©Romain Guittet

Ce sont toujours de merveilleuses histoires, celles racontant la découverte de trésors enfouis dans les caves. En voici une narrée par la Maison Ruinart. C’est lors d’un nettoyage en profondeur des caves de l’emblématique restaurant étoilé Paul Bocuse, à Lyon, que Maxime Valery, nouveau chef sommelier, découvre, éparpillées dans divers casiers, 18 flacons de champagne Ruinart millésime 1926. Il s’agit du plus ancien millésime conservé de la maison. Poussiéreuses, mais en excellent état, la majorité d’entre elles ont été remises à Frédéric Panaïotis, chef de caves de la Maison Ruinart, afin de rejoindre l’œnothèque de la plus ancienne maison de Champagne. Quelques-uns de ces précieux flacons sont toujours conservés au restaurant Paul Bocuse. Ils ont désormais une place de choix dans les archives de l’établissement, aux côtés d’autres millésimes anciens de la Maison Ruinart.

« En 1926, la température devait donner un bon vin. Aout a été beau mais la fleur s’est faite tard : le raisin a mûri sous le soleil d’octobre. Toutes les maladies possibles la vigne les a eues : mais la vendange était belle étant donné la sécheresse.» indiquait les extraits des carnets de caves des archives de la Maison Ruinart. Malgré l’impact important des maladies sur la vigne, la vendange 1926 est belle grâce au beau soleil et à la sécheresse du mois d’octobre. Les vins de cette année« sont assez d’élégance, pas très corsés. On pourra peut être parler de 1926 comme étant de bons vins mais pas de grands vins : ce n’est pas 1911 ni 1921 mais c’est au moins des 1923. » indiquait Maurice Hazart, chef ce cave de la maison à cette époque.

Archives Ruinart©Mathieu Bonnevie

 

Lorsque Frédéric Panaïotis découvre l’existence de ces flacons, il se rend dans la région lyonnaise pour les inspectés. Il est marqué par l’apparente très bonne conservation de ces vins qui ont près d’un siècle, et ouvre l’un des précieux flacons pour réaliser la note de dégustation : « Vin corsé, ayant de la chaleur. Très blanc. Doit faire un vin anglais parfait. Le vin n’a pas été trop altéré par l’oxyène avec le temps. Il conserve encore des arômes de fruits mûrs, d’abricot, de citrons confits, d’oranges confites. C’est remarquable ».

Frédéric Panaïotis Chef de Caves_Ruinart ©Romain_Guittet

Né le 11 février 1926 à Collonges-au-Mont-d’Or, là où se trouve encore aujourd’hui son restaurant le plus célèbre, Paul Bocuse est issu d’une longue lignée de cuisiniers dont on trouve la trace aussi loin qu’au 17ème siècle. Passionné de vin, Paul Bocuse a toute sa vie collectionné les meilleures bouteilles, privilégiant celles de 1926, son année de naissance. Une collection impressionnante qu’il conservait dans la cave située sous son restaurant et dont il partageait quelques spécimens avec ses proches. En 2019, un an après sa disparition, une partie de sa collection est vendue aux enchères au profit de sa Fondation. Le reste est encore conservé, avec essentiellement des Bordeaux de prestige (Petrus et Château Haut-Brion qu’il achetait en primeur chaque année), mais également d’autres trésors, dont des flacons de Ruinart 1926, le plus ancien millésime connu de la maison de champagne.

Un peu d’histoire 

En Champagne, l’année 1926 suit l’arrivée à la tête de la maison, de Gérard Ruinart de Brimont. Le jeune homme succède à sa mère Charlotte, décédée en juin 1925, qui depuis la mort de son époux André en 1919, en assurait la gestion en attendant la majorité de son fils.Il est nommé président directeur général de la maison et secondé dans ses fonctions par Max Leroy, ancien homme de confiance de Charlotte Ruinart de Brimont, nommé lui-même directeur. Maurice Hazart est quand à lui, confirmé au poste de chef de caves qu’il occupe depuis 1911. C’est dans ce contexte que nait ce millésime, dans un vignoble champenois qui ayant souffert de la Première Guerre mondiale et du phylloxéra, vient d’être totalement restructuré. Les bouteilles ont gagné en solidité, puisque désormais soufflées mécaniquement. Pour des raisons pratiques, mais aussi parce que la main d’œuvre spécialisée manque, décimée par la guerre.


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