Accueil APPELLATION L’interdiction de champagne à moins de cinq euros, voire offert, devant l’Assemblée...

L’interdiction de champagne à moins de cinq euros, voire offert, devant l’Assemblée Nationale

La semaine dernière, j’avais publié un article sur la baisse des promotions sur les champagnes dans les hypermarchés et les discounts en 2017 (lire ici). Toutefois même si on constate un affaiblissement des offres, pour la Champagne, il s’agit d’une vraie destruction de valeur. Alors que les discussions en séance plénière du projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agro-alimentaire (issu des Etats Généraux de l’Alimentation) débutent ce mardi 22 mai à l’Assemblée Nationale. Les députés auront à cette occasion à se prononcer sur un certain nombre de propositions qui leur ont été transmises par le Syndicat Général des Vignerons de Champagne et le Comité Champagne qui sont relayées au niveau national par la Confédération des AOC.

La première de ces propositions vise à interdire la pratique du cagnottage par la grande distribution, c’est-à-dire la mise en avant exclusive ou ciblée sur tout support publicitaire d’un vin bénéficiant d’une AOC comme la Champagne dès lors qu’elle est susceptible d’avoir pour effet de détourner la notoriété de ce produit notamment par l’utilisation de mots tels que « gratuit » ou « offert » ou par l’utilisation d’un mode de commercialisation conduisant à un prix unitaire anormalement bas. Plusieurs fois ces derniers mois, de nombreuses enseignes de la grande distribution n’ont pas hésité à recourir à cette pratique pour attirer le client en proposant dans leur publicité des bouteilles de champagne à 5 euros. Le SGV Champagne dénonce ces pratiques qui sont destructrices d’image et a demandé aux députés de légiférer pour les interdire.

Le SGV Champagne a exprimé par ailleurs aux députés ses préoccupations face au risque de remise en cause de pratiques contractuelles spécifiques au secteur viticole. En effet le projet de loi qui veut renforcer la contractualisation dans certains secteurs agricoles rendrait caduque l’ensemble des contrats de vente et contrats types ne comportant pas l’ensemble des clauses prévues dans le dispositif horizontal. C’est notamment le cas des clauses de réserve de propriété qui sont prévues dans la plupart des accords interprofessionnels et qui permettent de sécuriser les revenus du producteur mais aussi les délais de paiement dérogatoires au droit commun qui sont accordés aux acheteurs en contrepartie de leur engagement pluriannuel.

Le partage de la valeur ajoutée

Le SGV Champagne sera aussi très attentif aux discussions qui auront lieu sur le partage de la valeur ajoutée et la portée qui sera donnée aux clauses de partage de cette valeur. En effet, ces débats interviennent en pleine négociation d’un nouvel accord interprofessionnel en Champagne et les vignerons ont fait du maintien du partage de la valeur ajoutée une condition incontournable à la conclusion d’un nouvel accord. Le SGV Champagne espère à cette occasion que le partage de la valeur sera sécurisé par la loi et que les indicateurs permettant de partager cette valeur seront suffisamment larges pour permettre aux régions viticoles de choisir ceux qui leur semblent les mieux adaptés. Rappelons qu’en Champagne, le partage de la valeur ajoutée repose sur l’application pour le prix du raisin d’une clause d’indexation sur le prix de vente de la bouteille vendue par le négoce.

« Nous regrettons que nos propositions n’aient pas été adoptées en Commission et comptons sur la mobilisation des députés notamment champenois. Nous sommes évidemment solidaires des autres agriculteurs mais n’accepterons pas une remise en cause des pratiques spécifiques à notre secteur et à notre région » a déclaré Maxime Toubart, Président du SGV Champagne.

 

 

While the plenary discussions of the bill for the balance of commercial relations in the agri-food sector (from the States General Food) start Tuesday, May 22 at the National Assembly. On this occasion, the deputies will have to decide on a certain number of proposals that have been forwarded to them by the Syndicat Général des Vignerons de Champagne and the Champagne Committee, which are relayed at national level by the Confederation of AOCs.

The first of these proposals aims to prohibit the practice of cagnotation by large retailers, that is to say the exclusive or targeted promotion on any advertising medium of a wine with an AOC such as Champagne when it is liable to have the effect of diverting the reputation of that product, in particular by the use of words such as ‘free’ or ‘offered’ or by the use of a marketing method leading to an abnormally low unit price . Several times in recent months, many retail chains have not hesitated to resort to this practice to attract the customer by offering in their advertising bottles of champagne 5 euros. The SGV Champagne denounces these practices which are destructive of image and asked the deputies to legislate to prohibit them.

1 COMMENT

  1. Il est en effet très perturbant de trouver en grande distribution des bouteilles à un prix inférieur au simple prix du raisin qu’il a fallu pour les produire.

    Je vois tout de même des cas différents dans ces réductions de prix de vente.

    D’une part le cagnottage dont vous parlez, c’est à dire tout type de « cartes de fidélité ». Ce dispositif est un classique du commerce, et il ne saurait être question de l’interdire, mais il est vrai qu’il serait judicieux d’en interdire la restriction à un objet. Au lieu de dire « vous avez gagné une bouteille de champagne », il faudrait que l’enseigne dise « vous avez gagné 20€ sur vos prochains achats ». Ce serait cohérent avec la réglementation anti-dumping.

    Un autre type de promotion, qui ne rentre pas dans le cagnottage, est l’opération « le deuxième gratuit ». A mon avis, cette opération revenant à vendre un produit à 50% de son prix de vente normal, fait que la plupart de ces opérations rentrent dans le cas de vente à perte, de dumping.

    Enfin, il existe des « promotions exceptionnelles », illustrées en janvier dernier par les images dégradantes de personnes se battant autour d’une palette de Nutella à 70% de réduction, dont tout le monde se souvient.

    Je ne vois pas d’autre explication à ces deux derniers cas que des dérogations particulières à la règlementation anti-dumping, qui permettrait à la grande distribution de vendre certains articles à perte.

    Je pense que les Champenois, plutôt que de se battre sur un prix plancher un peu artificiel, aurait plutôt intérêt, peut-être avec d’autres unions professionnelles, à rechercher davantage en amont les causes générales de ces promotions dérégulées, qui portent tort à l’ensemble de la société : la recherche d’un prix trop bas se paye soit par des conditions de travail dégradées, soit par des atteintes graves à l’environnement, soit par une dégradation de qualité du produit, qui peut avoir des conséquences sur la santé. Et c’est bien le rôle de l’Etat que d’être l’arbitre.

Comments are closed.