
J’ai évoqué le lancement de l’étude il y a quelques mois (lire ici), en voici désormais les premiers résultats. Des résultats qui ont été dévoilés lors de l’assemblée générale de la commission des viticultrices du Syndicat général des vignerons de la Champagne présidée par Séverine Couvreur, nouvelle présidente (qui remplace Sophie Signolle). Cette étude intitulée EPICVIC « Engagement professionnel et implication collective des vigneron·nes de Champagne » a été menée par Océane Carneiro (doctorante en sociologie au labo CEREP, URCA), épaulée par Aurélie Melin (ethnographe) et soutenue par le CEREP, par l’Institut G. Chappaz et par le SGV.
L’enquête révèle plusieurs aspects intéressants. Ainsi en 2020 presque 40 % de femmes cheffes d’exploitation dans le vignoble champenois, ce qui en fait le plus féminisé de France et de loin (environ 26 % dans les autres vignobles français). Toutefois, elles dirigent des exploitations en moyennes plus petites que les hommes.
On peut également noter qu’elles arrivent à la tête de leur exploitation plus tard que les hommes et qu’elles vinifient en moyennes moins que les hommes. Les viticultrices possèdent plus de diplômes du supérieur que les hommes, mais moins spécifique au secteur agricole ou viticole que les hommes. Elles ont plus recours à de la prestation de service que les hommes et elles travaillent en termes de temps moins que leurs homologues masculins.
Ainsi selon plusieurs entretiens recueillis lors de l’étude, des situations spécifiques aux femmes viticultrices apparaissent comme celle liée à la maternité avec de nombreuses difficultés (inefficacité du dispositif de remplacement de la MSA). Néanmoins, l’étude reconnaît que l’indépendance via le métier de cheffe d’exploitation est aussi un moyen stratégique pour certaines femmes afin de gérer leurs vies de famille, à travers notamment les horaires flexibles ainsi qu’une transmission de l’héritage familial plus « sécurisée ». Et sans réelle surprise, la répartition genrée des tâches liées au travail (la femme à la comptabilité, l’homme à la vigne) qui évolue peu ou prou. Bref, même si l’étude constate des évolutions, il y a encore beaucoup de travail reste à fournir pour tendre vers l’égalité.