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La coupe de champagne, pas si ringarde !

«  il faut ressortir les coupes des placards ! », je me souviens d’une interview de Pierre-Emmanuel Taittinger à la Cité des Vins de Bordeaux qui déclamait les qualités de la coupe de champagne sur ses sens. Autre souvenir à ce propos, un cocktail en juin 2019 chez Moët & Chandon à Épernay où le champagne avait été versé dans des coupes pour célébrer les 150 ans du Moët Impérial. Qu’elle ait été moulée sur le sein de Marie-Antoinette ou de la Pompadour voire dernièrement sur celui de Kate Moss (34 Kate Moss Coupe), si en termes organoleptiques, on peut lui trouver quelques imperfections, en revanche pour l’esthétique, il faut reconnaître que la coupe est gracieuse et donne belle allure à son propriétaire. Une allure certes un peu surannée, mais  tellement délicate et raffinée qui, oserait-on le dire, convient parfaitement à l’image du champagne. Celle du champagne de l’élégance et la célébration !

Grâce à Michael Descoust qui travaille chez Vessière Cristaux, spécialiste du cristal à Baccarat depuis 1882, direction la Lorraine et l’Alsace, à la rencontre des prestigieuses manufactures françaises, qui font rayonner les arts de la table aux quatre coins du monde. Ces maisons emblématiques perpétuent la tradition d’un savoir-faire séculaire, une fabrication artisanale où la main de l’homme est souveraine. Ces grandes cristalleries se sont implantées en Lorraine pour une simple raison : ce territoire regorge de ressources naturelles nécessaires à la fabrication du cristal : de la silice, de la potasse, mais aussi du bois, autrefois consommé en grande quantité par ces « gouffres à feu » comme on les surnommait au XVIe siècle.

C’est au XVe siècle que le travail du verre se développe en Lorraine sous l’impulsion des pouvoirs publics. En 1448, Jean de Calabre, gouverneur des duchés de Lorraine, octroie aux verriers une charte les assimilant aux nobles de races, leur accordant les mêmes droits. C’est ainsi que de nombreuses verreries se développent sur le territoire, pour devenir aujourd’hui des cristalleries françaises iconiques, reconnues dans le monde entier par la qualité de leurs productions, et notamment de ses verres en cristal !

Un peu d’histoire de France, de luxe et de rêve avec ces trois modèles de coupes à champagne iconiques.

La coupe Harcourt de la cristallerie Baccarat, depuis 1841

Débutons par la célèbre manufacture Baccarat, avec le plus ancien modèle créé encore fabriqué à ce jour : Harcourt. Baccarat est une cristallerie fondée en 1764 dans une petite ville de Meurthe-et-Moselle, qui s’est imposée comme un incontournable des arts de la table et du luminaire, surnommé le « cristal des rois ». C’est en 1841, sous Louis-Philippe, que le service Harcourt prend vie, sous la dénomination de « service de table forme gondole à triple bouton, taillé à côtes plates larges ». Son pied hexagonal, sa jambe à triple bouton et sa taille à côtes plates sont le porte-drapeau de l’art de vivre à la française.

Ce verre a voyagé sur les tables des plus grands de ce monde. Commandé par Louis XVIII et Charles X, il est également présent sur la table de nombreuses ambassades … (prix 190 €)

La coupe Tommy de la cristallerie Saint-Louis

La cristallerie Saint-Louis se situe dans le pays de Bitche, en Lorraine. Autrefois dénommée « verrerie de Müntzthal », elle devient « Verrerie royale » en 1767 par lettres patentes du roi Louis XV et devient Saint-Louis.

Il s’agit de la première manufacture à mettre au point le cristal au plomb en Europe continentale. C’est son directeur lui-même, Monsieur de Beaufort, qui en 1781, présente à l’Académie des sciences plusieurs échantillons en cristal. Son secret : utiliser des cendres de fougères dans la préparation tout en y ajoutant du plomb. Depuis ce jour, Saint-Louis porte haut et loin la réputation de la France dans le domaine du luxe.

Parmi les nombreuses spécialités de la manufacture, la taille. Ce travail, réalisé à l’atelier à froid, nécessite plus de dix années d’expérience. La coupe Tommy illustre à merveille ce savoir-faire : la taille géométrique est réalisée à la perfection, reflet d’un haut niveau d’exigence. Autre spécialité de la manufacture Saint-Louis, le cristal doublé couleur. Deux couches de verre sont appliquées à chaud, l’une en cristal clair, l’autre de couleur. Cette « double paraison » est le parfait tableau d’expression pour le tailleur, qui va progressivement ôter la couche extérieure, laissant apparaître le cristal clair … (prix 171 €)

La coupe 100 points de Lalique par James Suckling

La manufacture Lalique se situe en Alsace, à Wingen-sur-Modern. Fondée par René Lalique en 1888, joaillier d’exception puis maître-verrier, la maison perpétue la tradition en s’inspirant des anciens croquis de son créateur .Grâce à une longue tradition de fabrication de verres à vin avec des collections telles que Barsac et Beaune,  la manufacture Lalique s’associe avec le critique expert, James Suckling pour développer un verre au service d’une dégustation hédoniste.

En 2012, la maison lance le service 100 points, clin d’oeil au système de notation des vins. On retrouve dans ce verre l’identité de la cristallerie, avec une jambe haute travaillée en satiné repoli. C’est le grand service à dégustation de la manufacture Lalique. (prix 120 €).

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