Une crise sociale inédite secoue actuellement le groupe Terroirs & Vignerons de Champagne (TEVC). Depuis le mardi 15 octobre 2024, les syndicats CFDT Collectif Champagne, CGT Champagne et CFTC Fédération Agriculture, se sont mobilisés pour manifester leur mécontentement, bloquant la production sur plusieurs sites stratégiques du groupe. À l’origine de ce mouvement, une série de décisions stratégiques jugées coûteuses et inefficaces par les syndicats, ainsi que des promesses non tenues qui ont nourri un profond malaise parmi les employés.
Acquisitions controversées et aggravation de la situation financière
La contestation syndicale se concentre sur plusieurs acquisitions récentes, notamment celle de la maison de Champagne Henriot, considérée comme une opération coûteuse qui pèse lourdement sur les finances de TEVC. Selon les syndicats, les salariés ont dû supporter une charge de travail accumulée sans contrepartie adéquate. Malgré les efforts déployés, les résultats commerciaux de 2023 n’ont pas été à la hauteur des attentes. À cela s’ajoute une inquiétude croissante concernant l’endettement du groupe, dont l’impact se fait sentir sur les accords d’entreprise et la gestion des frais financiers.
Un autre point de crispation est l’acquisition de la marque Abelé et la fusion avec la maison Castelnau. Les syndicats CFDT, CGT et CFTC dénoncent le manque d’harmonisation sociale post-acquisition, notamment pour les cinq employés d’Abelé, toujours dans l’incertitude quant à l’application de la Convention Champagne. Du côté de Castelnau, l’harmonisation promise lors d’une réunion du personnel en octobre 2023 n’est toujours pas finalisée, laissant les équipes dans le flou quant à leur avenir.
Un appel massif à la mobilisation : arrêt total des lignes de production
Le mardi 15 octobre 2024 marque un tournant avec l’arrêt complet des lignes de production sur le site de Chouilly, tandis que celles du site de Reims tournent à seulement 40 % de leur capacité. Selon les syndicats, le soutien des collègues de la Direction relation Vignoble et des assistantes du service client France montre la solidarité qui règne au sein de l’entreprise. Au total, 120 salariés se sont réunis devant l’entrée du site de Chouilly, manifestant leur détermination à être entendus par la direction.
Le lendemain, mercredi 16 octobre 2024, la mobilisation prend de l’ampleur. Ce sont désormais 150 salariés qui investissent les bâtiments administratifs du site de Chouilly. Une rencontre s’est tenue entre la Direction Générale, les élus du personnel et quatre représentants des salariés. Malgré cette tentative de dialogue, les propositions formulées par la direction ont été rejetées à l’unanimité, renforçant le climat de conflit. Les syndicats estiment que les propositions ne répondent pas à leurs attentes, notamment en matière de partage des bénéfices et de maintien de leur pouvoir d’achat. En conséquence, la mobilisation s’élargit et le blocage s’intensifie.
Les revendications des salariés
Les revendications des syndicats sont claires : ils exigent un ajustement des salaires pour correspondre à l’augmentation de la charge de travail et aux résultats financiers insuffisants de ces dernières années. Les salariés refusant de subir les conséquences des stratégies d’acquisition du groupe qui, selon eux, ont alourdi l’endettement sans bénéfices tangibles pour le personnel. Ils appellent également à une meilleure harmonisation des conditions de travail après les fusions et acquisitions récentes. Les syndicats CFDT, CGT et CFTC, au nom des salariés, expriment leur volonté de préserver l’ADN historique de la coopération au sein de TEVC et attendent des engagements concrets pour sortir de cette crise.
Face à cette situation tendue, les prochaines étapes de négociation seront cruciales pour l’avenir du groupe et la relation de confiance avec ses salariés. En attendant, la mobilisation reste forte, et les salariés continuent de réclamer une contreproposition de la direction, dans l’espoir d’un retour à un climat social apaisé.