Surprenante, bizarre, voire compliquée, la récolte 2020 est comme le souligne Alexandre Cattier : « très curieuse et c’est du jamais vu me concernant. Elle est très précoce. Toutefois deux jours d’avance par rapport à 2011. Elle s’est précédée d’une maturation très rapide la première quinzaine d’août, pour freiner sensiblement par la suite, déjouant tous les pronostics de début de vendanges !« . Oui, une drôle d’année ! Le chef de caves (et président) de la maison Cattier à Chigny-les-Roses fait ainsi remarquer que » ces dernières années, nous avions l’habitude d’avoir les trois cépages mûrs en même temps. Ce n’est pas le cas cette année où le meunier a été mûr bien avant le pinot noir, lequel est en avance par rapport aux chardonnays ! Ce n’est pas simple pour organiser la cueillette : le circuit n’est pas aussi fluide que d’habitude ».
D’ailleurs exemples à l’appui, Alexandre Cattier pointe la disparité de ces vendanges décousues : » la récolte « décuide » sur les meuniers, et nous avons fini de les vendanger plus tôt que prévu. Les pinots noirs n’étant encore pas tout à faire mûrs, nous avons alors demandé à notre équipe de cueilleurs de couper les « bouvreux » (grappe actuellement toute verte, qui sera mûre au mois de novembre…) de manière à ce que la vigne ne s’épuise pas en fin de campagne à vouloir les faire mûrir inutilement. Je trouve qu’il y en a beaucoup cette année« .
L’acidité s’est cassée la figure
La vendange a stoppé quelques jours, puis, a repris mardi (24 août). De fait, même les degrés et les acidités sont faibles, » sur ces deux points de vue purement paramétriques, cette récolte me fait penser à 2011, voire 2003 tellement l’acidité s’est cassée la figure ces derniers jours. L’équilibre sucre/acide nous indique clairement qu’il faut reprendre la cueillette. La dégustation des baies nous le confirme : les arômes sont là. Je ne préfère pas attendre pour obtenir plus de maturité, qui n’arrivera peut-être jamais, et sauvegarder une meilleure acidité possible dans nos moûts. De plus le faible niveau d’acidité actuel et les pluies annoncées en fin de semaine ne laissent présager rien de bon pour l’état sanitaire des raisins (un faible niveau d’acidité ne protégeant plus suffisamment les grappes contre la pourriture) ».
Mais pour l’instant, le patron de la maison Cattier observe que « Les raisins sont très beaux et très sains. C’est un très beau point« . En revanche, la dégustation des moûts de meunier semble un peu le décevoir : » je leur trouve un manque de tension en bouche et sa générosité aromatique est plus tenue. Mais il est vrai que nous passons derrière deux années exceptionnelles (2018 et 2019) pour ce cépage. Nous verrons une fois les fermentations terminées. Le chardonnay est magnifique et je pense que ce sera le cépage roi de 2020. Dégustations à venir d’ici quelques jours !« .
Gestion de la Covid 19
Concernant le covid-19, la maison Cattier a fait le maximum pour que chacun puisse être serein au travail et ne pas avoir peur de côtoyer ses collègues: » Entre les mesures règlementaires et l’échange avec nos collaborateurs, nous avons tous trouvé une formule qui aille à tout le monde. De plus nous avons fait tester toute l’équipe technique juste avant les vendanges. C’est-à-dire cueilleurs, débardeurs, tractoristes, pressureurs, cuisinières, œnologues etc… même les retraités de la famille et moi bien entendu ! toute l’équipe était rassurée, nous savions que nous commencions paisiblement la récolte sans cette épée de Damoclès au-dessus de notre tête. Nous préférions gérer le covid-19 en début de vendanges, que de se retrouver à gérer une crise sanitaire en milieu ou en fin de vendanges. Ceci ne nous dispensant bien entendu pas des gestes barrières tout au long de la vendange.L’équipe a été formidable : tout le monde sans exception a bien compris l’enjeu et a bien joué le jeu. C’était l’intérêt de tous ! »
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