Un coup de tonnerre secoue le commerce mondial du vin. En instaurant de nouveaux droits de douane, les États-Unis redistribuent brutalement les cartes pour les producteurs du monde entier. Dans un article publié sur Wine-Searcher, le journaliste W. Blake Gray dresse la liste des grands perdants… et de ceux qui pourraient tirer leur épingle du jeu.
Fait notable : Trump n’a pas annoncé de surtaxe contre le Canada ni le Mexique, pourtant deux grands partenaires commerciaux. Il a critiqué les droits de douane canadiens sur le lait américain, mais ces pays sont absents de la liste officielle diffusée en ligne. Pourtant, ils pourraient se voir imposer des droits de 25 % sur certains produits non couverts par l’accord commercial.
La Chine, troisième partenaire des États-Unis, risque 34 % de droits de douane. Le Japon, quatrième, fait face à une taxe de 24 %. En dehors de l’UE, la plupart des pays producteurs de vin écopent de 10 %, sauf exceptions : 30 % pour l’Afrique du Sud, 17 % pour Israël.
Attention, comme dans toute guerre commerciale, l’offensive n’est qu’un début. Les ripostes viendront. Les droits de douane sur les produits américains pourraient aussi évoluer. Trump a souvent menacé sans toujours passer à l’acte. La situation reste incertaine. Mais à ce stade certains pays gagnent, d’autres perdent.
GAGNANTS : les viticulteurs américains
Les nombreux autres acteurs du secteur viticole paniquent actuellement, mais je parie qu’il y a eu quelques célébrations discrètes dans l’est de l’État de Washington et dans la vallée centrale de la Californie . Les vins américains à moins de 10 $ perdent des parts de marché depuis des années. Augmenter les prix des autres vins de 10 ou 20 % les rendra plus compétitifs.
PERDANTS : producteurs de whisky écossais et de gin anglais
Les États-Unis affichent en réalité un excédent commercial avec le Royaume-Uni, et Trump se comporte ces derniers temps comme si la « relation privilégiée » était importante. Les producteurs britanniques espéraient donc éviter totalement les droits de douane. Au lieu de cela, ils se sont vus imposer des droits de douane de 10 % avec le reste du monde.
GAGNANTS : producteurs américains de vin casher :
Un tarif de 17 % sur les produits en provenance d’Israël est aussi surprenant que tout ce qui existe étant donné le soutien fort de l’administration.
PERDANTS : producteurs de vin de Nouvelle-Zélande, d’Australie, du Chili et d’Argentine
Ces quatre pays sont en concurrence avec les vins européens dans les rayons des supermarchés américains et chacun avait des raisons de croire qu’ils pourraient être épargnés. Mais aucun ne l’a été. La Nouvelle-Zélande a supprimé les droits de douane dans les années 1980 et 1990, mais personne n’en a informé l’administration Trump, qui affirme avoir imposé des droits de douane de 20 % sur les produits américains et les a ensuite ramenés à 10 %. Trump a fait l’éloge de l’Australie, mais a quand même imposé des droits de douane. Le Chili, l’un des pays les plus ouverts au commerce au monde, a néanmoins subi des droits de douane de 10 %.
PLUS GRAND PERDANT : les producteurs de vin sud-africains
Le pays d’origine d’Elon Musk s’est vu infliger des droits de douane de 30 %, ce qui va pratiquement anéantir son marché aux États-Unis. Les États-Unis ne sont que le quatrième marché d’exportation de vin de l’Afrique du Sud, après le Royaume-Uni, les autres pays africains réunis et les Pays-Bas. Mais les vignobles sud-africains qui espèrent vendre leurs vins destinés aux États-Unis à d’autres pays vont devoir faire face à une concurrence féroce de la part de tous les pays du monde qui tentent de faire de même.
GAGNANT : Les consommateurs britanniques, peut-être ?
Les producteurs de vin de tous les pays ont désormais des vins à écouler. Le Royaume-Uni, ouvert aux vins du monde entier, pourrait ainsi bénéficier d’un choix plus large et de prix plus bas.
GAGNANT : les personnes qui aiment la bière plus que le vin et les cocktailsLe vin a eu du mal à concurrencer les spiritueux. Mais le prix de presque tous les ingrédients des cocktails a augmenté : le vermouth, de nombreuses liqueurs, et même de nombreux amers et cerises fantaisie. Les producteurs de vin américains pourraient ainsi mieux concurrencer les producteurs européens d’entrée de gamme, mais ils devront également augmenter leurs prix en raison de la hausse des prix des équipements, notamment des fûts et des bouteilles en verre. C’est le moment idéal pour déguster de la bière en canettes fabriquées aux États-Unis.
PERDANT : l’économie mondiale ?
LE PLUS GRAND PERDANT : le consommateur américain. Moins de vins, mais plus chers.
Les droits de douane réciproques s’appliqueront à compter du 9 avril à 04 h 01 GMT.
Allez, on positive, c’est le week-end et il fera très beau en Champagne !