
Je poursuis ma petite série de témoignages de chefs de caves sur la vendange 2008. Aujourd’hui, c’est à » M. Charles » , en l’occurrence Cyril Brun, chef de caves de la maison Charles-Heidsieck, d’évoquer la prochaine récolte. Comme ses confrères (lire ici), ce dernier se réjouit de cette année 2018 qui semble être placée sous d’excellents augures. « les vendanges 2018 suscitent beaucoup d’espoir à plusieurs titres : déjà les quantités généreuses qui apportent la sérénité ( fenêtre météorologique sans incertitude) pour les vins de l’année et potentiellement une reconstitution de Réserves sur certains profils de vins. Ensuite la qualité, qui est liée à une maturité phénolique proche de la perfection et un état sanitaire exceptionnellement sain. Ce qui peut nous laisser présager des vins riches, voluptueux avec des acidités moyennes à basses. » Justement à ce propos, Cyril Brun rejoint nombre de Champenois qui regardent désormais autrement le fameux duo indissociable des vendanges celui de » l’acidité/degré » ( le 10 (g HS204/L de l’année 1996 est passée par là ! ). » Les acidités faibles, il va falloir s’y habituer, c’est le sens de l’histoire ! Dans le « couteau suisse » œnologique, il existe différentes options pour remédier à cette défaillance d’acidité : vendanges pas « trop mûres », gestion des malos… » Toutefois, à cette remarque sur l’acidité, Cyril Brun en ajoute une autre : » le danger d’une année chaude est d’être tenté par la surmaturité qui ne rime pas forcément avec le style champenois. La Champagne n’est pas la Bourgogne, il ne faut jamais l’oublier. » Outre ce phénomène, Cyril Brun pointe du doigt un autre danger : » l’excès de confiance et la facilité : tout démarre par la pertinence de la cueillette, cette année n’y échappera pas, il faut de la précision et de la pertinence dans le circuit de cueillette ».