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Le potentiel qualitatif du millésime 2019 semble élevé, sous réserve d’attendre le bon niveau de maturité.

Des débardeurs chargeant des caisses de chardonnays  dans les coteaux de Sillery dans la Marne (Comité Champagne)

Alors que certains ont déjà dû débuté la cueillette, et que d’autres attendent le bon moment, voici les dernières indications du Réseau Matu issues des prélèvements des bénévoles sur le terrain:  » Une dynamique de maturation forte Entre le 19 et le 26 août, la prise de degrés était exceptionnelle (CH +2,6 % vol. ; PN +1,8 % vol. ; MN +1,9 % vol.). ( NDLR presque du jamais vu en Champagne ! )

Elle s’est poursuivie avec un rythme hebdomadaire soutenu, bien que plus modéré (CH +1,7 % vol. ; PN +1,2 % vol. ; MN +1,5 % vol.). A l’échelle de la Champagne, le poids des grappes continue de progresser durant la semaine écoulée (CH +17 g ; PN +9 g ; MN +9 g) pour atteindre des valeurs correctes (CH 115 g ; PN 123 g ; MN 121 g) mais toujours en dessous des moyennes décennales (CH 137 g ; PN 138 g ; MN 136 g). La dynamique de charge en sucres (le degré potentiel x le poids moyen des grappes) est toujours forte et linéaire.

A ce stade, elle ne fléchit pas. Il faut cependant noter une dynamique de maturation plus faible pour les Pinots noirs de la Côte des Bar en comparaison avec les Pinots noirs de la Marne (PN Aube 1,1 % vol. ; PN Marne 1,5 % vol.). Tandis que la prise de poids hebdomadaire des grappes est élevée dans la Marne pour ce cépage, elle est plutôt stable dans l’Aube. Le ralentissement de la maturation de la côte des Bar n’est donc pas lié à un grossissement exagéré des grappes. La situation n’est pas alarmante mais des symptômes liés au manque d’eau dans les sols commencent à s’exprimer dans ce secteur.

La véraison

Le taux de véraison a fortement évolué pour atteindre une moyenne de 92 % tous cépages confondus. Cependant, même sur des parcelles très mûres, des baies et des grappes vertes ou rosées sont toujours présentes. Elles traduisent l ’hétérogénéité de l ’année. Il s ’agit principalement de baies ou de grappes millerandées ou ayant fleuri tardivement.

L’Acidité

Comme prévu, avec les fortes chaleurs, les acides et particulièrement l’acide malique, se sont dégradés. Sur le réseau interne du Comité Champagne, les valeurs atteignent désormais 7,3 g/L pour l’acide malique et 10,3 g/L pour l’acide tartrique. L’acidité totale chute. Les valeurs sont désormais proches ou inférieures à 10 g H2SO4/L pour des degrés potentiels moyens au-dessus de 9,0 % vol. . Le rapport Sucre/Acidité est aujourd’hui de 16 et se rapproche sensiblement de 20, seuil régulièrement observé en Champagne au moment de la vendange. Pour les jours à venir, les températures baissent mais restent de saison, les nuits seront fraîches et quelques averses sont prévues en fin de de semaine.  La dynamique de maturation devrait rester soutenue et se rapprocher des valeurs habituellement observées, c’est-à-dire entre 0,15 et 0,20 % vol. par jour en moyenne en fonction des cépages et des situations.

Dans tous les cas, le potentiel de maturité reste élevé. La bascule aromatique du végétal vers le fruit est en train de s’opérer dans les baies. Les dégustations de baies et de jus montrent qu’elle intervient vers 10,5 % vol. pour le Pinot et le Chardonnay et aux alentours de 10% vol. pour le Meunier. Le potentiel qualitatif du millésime 2019 semble élevé, sous réserve d’attendre le bon niveau de maturité.

L’Etat Sanitaire

L’état sanitaire à l’échelle de la Champagne est toujours globalement bon. La pourriture grise et la pourriture acide ne progressent pas. Cependant, contrairement à 2018, quelques parcelles ont des fréquences de botrytis plutôt élevées. Les parcelles sensibles du fait de leur situation ou de leur encépagement doivent être surveillées en priorité. Un tri sera parfois nécessaire. Les symptômes d’oïdium sont toujours présents. Des dispositions doivent être prises sur les sites touchés au moment des vendanges, comme le tri ou l ’élimination des grappes les plus atteintes avant la récolte. A la véraison, cette maladie est particulièrement difficile à diagnostiquer, notamment sur cépages noirs.

L’écart entre la floraison et la vendange se resserre

L ’écart entre la floraison et la vendange devrait être parmi les plus faibles (entre 81 et 84 jours). Cette situation perçue encore comme exceptionnelle deviendra certainement la norme dans les années à venir. Dans tous les cas, le ban des vendanges proposé traduit une ambition qualitative collective qu ’il s ’agit désormais de décliner à l ’échelle individuelle. Chacun est donc invité à poursuivre les prélèvements et contrôles de maturité dans ses parcelles afin de définir son top départ idéal, son circuit de cueillette, ainsi que l ’étalement de sa vendange, guidé normalement par les écarts de maturité observés entre les parcelles de l ’exploitation. Puis à sélectionner les meilleures grappes. (Réseau Matu)