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Vendange 2019 :  » cette vendange me fait penser à la récolte 2012  » Clément Pierlot (Pommery)

On continue notre série de témoignages sur les aspirations et les craintes des chefs de caves pour la vendange 2019. Après Jean-Baptiste Lecaillon (Roederer)Cyril Brun (Charles-Heidsieck)Dominique Demarville (Veuve-Clicquot), Laurent Fédou (Canard-Duchêne),  et Guillaume Roffiaen (Nicolas Feuillatte), c’est donc à Clément Pierlot, chef de caves de la maison Pommery d’évoquer son ressenti :  « Cette vendange me fait penser à la récolte 2012. L’année avait été tellement rude entre la pression en maladie et le gel que le millésime qui avait suivi tenait du miracle. Nous sommes, je trouve, un peu dans le même état d’esprit cette année. Un peu épuisés par cette lutte de tous les instants contre l’oïdium, nous sommes partis en août avec des doutes légitimes sur la future récolte, d’autant plus que l’échaudage (du jamais vu ?) était passé par là et avait ôté selon les secteurs de 5 à 20 % de la récolte. » Bref, on l’a compris ce n’est pas la fête  ! Gardant toutefois son optimisme champenois, Clément Pierlot propose une nouvelle vue de la situation   » depuis quelques jours, la conviction que les planètes s’alignent pour nous offrir un très beau millésime se renforce. Le soleil est bien présent afin de nous garantir une maturation d’une dynamique quasi inédite (il faudrait remonter à 1976 pour retrouver trace d’une telle rapidité dans la maturation). Les nuits sont fraîches et vont le rester nous permettant d’attendre la maturité parfaite. Pas de crainte sur l’état sanitaire tant que ce frigo géant est à l’œuvre. »

Dans l’attente…

Comme beaucoup de ces confrères, la seule réelle inquiétude est de déterminer la bonne maturité. Il faut attendre !  « Ce cycle incroyable depuis la fleur (plus rapide que 2003) a engendré un décalage de maturité entre les sucres et les autres composants de la baie (phénols, arômes, …). L’acidité est très haute (ce qui rappelle 1996). Il faudra donc savoir attendre pour que le rapport sucre/acide arrive à un niveau d’équilibre idéal et surtout pour que le virage aromatique se fasse (plus tard qu’habituellement). » Et de rappeler : «  Cette année, peut-être plus que les années précédentes, la dégustation des baies doit être un outil à part entière pour établir son circuit de cueillette. Une baie neutre, ou pire avec des arômes végétaux, doit attendre ; le sucre ne peut être l’unique indicateur. »

Mettant en avant ce travail dans les galipes, Clément Pierlot sait pertinemment que « les vignerons champenois connaissent leur terroir, l’arpentent chaque jour et prendront les bonnes décisions pour nous amener des raisins de très grande qualité. Dans certains secteurs, un tri sera nécessaire pour gommer les stigmates de la campagne, mais notre réserve qualitative, cet outil incroyable, nous permet de la faire.’