
Avec Guillaume Roffiaen, on continue notre série de témoignages sur les aspirations et les craintes des chefs de caves pour la vendange 2019. Après Jean-Baptiste Lecaillon (Roederer), Cyril Brun (Charles-Heidsieck), Dominique Demarville (Veuve-Clicquot), et Laurent Fédou (Canard-Duchêne) , le chef de caves du Centre Vinicole Champagne Nicolas Feuillatte s »exprime sur le sujet ..avec humour : « mais c’est qu’il s’annonce vite, ce début de vendanges ! Les chefs de caves sont encore bronzés – mais bien moins que les raisins ! Il semble que la recherche pour développer une crème solaire pour protéger les grappes soit l’avenir de notre profession – à en juger des conséquences d’échaudage dans le vignoble cet été. »
Guillaume Roffiaen est un optimiste : » la Nature reste bien faite, et tout est là pour élaborer des vins de niveau plus que respectable. Après toutes les autres péripéties estivales traversées de part et d’autre de l’Appellation ( gel, grêle, oïdium, tornade, sécheresse, …), ce qui sortira des galipes une fois trié (et j’insiste sur le rôle capital du management des équipes de cueilleurs), devrait être très intéressant. » Et de prévenir « la montée galopante du degré ne doit pas nous détourner de notre objectif : mature oui, mais pas juste par le degré ! Encore une histoire température : En dessous de 10 % vol d’alcool probable, rares sont les parcelles réellement mûres. Mais alors, jusqu’à quand faut-il attendre, me direz-vous ? » En posant la question, Guillaume Roffiaen donne également la réponse avec le mode d’emploi qui va bien avec …: » Prenez le temps de déguster vos baies, de goûter vos moûts de suivi de maturité. Herbacé, végétal sont à proscrire. Citronné, fruit très léger: il est peut-être encore un peu tôt. Fruité prononcé, il est temps d’y aller. Fruit confit ou compoté, l’alarme a sonné ! Pour viser juste, il faut s’entraîner. Toujours dans une pièce neutre, en s’appuyant sur la méthodologie : le Centre Vinicole – Champagne Nicolas Feuillatte la développe et diffuse depuis plusieurs années. »
Quant à la couleur ? Là aussi, l’homme de l’art à la réponse : » Patience est mère de Raison. Si le ciel ne se charge pas, les rosés et les rouges viendront en leur temps… à maturité juteuse ! »