C’est un rêve qui se concrétise pour Dominique Petit. A la tête des vins de Pol Roger depuis 1999, ce chef de caves, modeste parmi les modestes, vient de voir sa vie professionnelle récompensée à la veille de faire valoir ses droits à la retraite.
Avec la découverte du Graal de Pol Roger, la maison familiale d’Epernay fait la « une » des médias du vin. Les flacons enterrés par l’éboulement des caves le 23 février 1900 reviennent à la vie. En tout 26 bouteilles ont été ramenées de leur sarcophage du 19 ème siècle à la lumière de 2018. Selon les livres comptables de l’époque, ces flacons remonteraient jusqu’en1889 pour les plus vieux et 1898 pour les plus récents… Le dosage est de 15 gr/l et la composition serait à base de pinots noirs et pinots meuniers (les cépages majoritaires en Champagne à cette époque). Les bouteilles sont en verre vert ou marron, les niveaux du vin est bon, l’état des bouchons aussi. Hormis quelques coulures et différences de niveau, elles sont en bon état.
Côté organoleptique, rien ne transpire, et surtout rien n’a été goûté. » Il s’agit surtout de brut sans année non dégorgés » précise Dominique Petit. Toutefois, l’oenothèque Pol Roger est riche de superbes millésimes anciens, Dominique Petit connaît ces cuvées. Il a déjà dégorgé et goûté des vins anciens remontant jusqu’à 1892. Sur le principe, les chefs de caves sont d’accords : ces bouteilles ont bénéficié d’un environnement propice, les bouchons en liège taillés d’une seule pièce, et enfoncés à un 1 cm de plus que le bouchage actuel, ont fait leur travail, » cela ne pourra être qu’une bonne surprise « .
Et après ? » L’objectif est d’aller un peu plus loin. Mais ce n’est pas évident » précise Damien Cambres. De fait, ce sera à lui de mener la suite des opérations puisqu’il succède à Dominique Petit d’ici quelques semaines. Après avoir travaillé chez Nicolas Feuillate, puis à la Goutte d’Or, il est entré dans la maison en avril 2017. Après un cycle complet d’un an main dans la main avec Dominique Petit , Damien Cambres est prêt à reprendre les rênes et maintenir le savoir-faire et le style maison. A charge à lui également de gérer le dossier « bouteilles retrouvées ». Avec 4 000 m2 sur deux niveaux (1, 5 millions de cols), le tout sur un terrain passablement abimé, ce travail n’est pas simple puisqu’il inclue d’importants protocoles de sécurité. » Nous avons le temps de bien faire et nous savons qu’il y a des flacons « .
Avec ce nouveau chef de caves, le lancement d’un nouveau millésime (le 2009, fabuleux !), la maison Pol Roger n’a jamais eu autant d’actualités qu’aujourd’hui. Avec cette découverte, elle vient également de faire un fabuleux voyage dans le temps. Une histoire merveilleuse, mêlant le vin aux contes épiques, qui va tenir en haleine de nombreux amateurs de vins durant longtemps.