La Maison Pol Roger a annoncé le décès de Patrice Noyelle, ancien président du directoire, survenu le 7 octobre. Premier dirigeant extérieur à la famille fondatrice, il a profondément marqué l’histoire de la maison d’Épernay entre 1998 et 2013.
Né à Paris, Bourguignon par mariage et Champenois de cœur, Patrice Noyelle a d’abord fait carrière dans le vin. Pendant vingt-cinq ans, il a travaillé au sein de la Maison Mommessin, entreprise familiale de son épouse, installée en Bourgogne. Il y a occupé plusieurs postes, de directeur export à directeur général. Ces années bourguignonnes lui ont donné le goût de la précision et une exigence du détail. Elles lui ont aussi permis de développer une vision claire du rôle du vin dans le temps long.
En septembre 1997, il rejoint Pol Roger comme directeur général adjoint. Quelques mois plus tard, il est nommé président du directoire, succédant à Christian de Billy, représentant de la quatrième génération de la famille fondatrice. Ce passage de relais marque une étape importante. Pour la première fois, la maison confie sa direction à quelqu’un d’extérieur à la famille.
À la fin des années 1990, Pol Roger se trouve à un tournant. Le secteur du champagne change, et la maison doit évoluer elle aussi. Patrice Noyelle s’y emploie avec conviction. Avec Dominique Petit, chef de caves nommé en 1999, il engage un vaste chantier de modernisation. Les outils évoluent, les caves s’adaptent, mais les gestes restent. Pour lui, la précision du geste manuel contribue à l’excellence finale du vin et à la transmission des savoir-faire ancestraux.
La qualité plutôt que le volume
Sous sa présidence, Pol Roger s’impose comme une maison de référence internationale. Fidèle à sa philosophie, il privilégie la qualité au volume. Cette exigence porte ses fruits. En 2003, la maison retrouve le Royal Warrant of Appointment de la Cour d’Angleterre, reconnaissance officielle de son statut de fournisseur de Sa Majesté. Huit ans plus tard, en 2011, Pol Roger devient le champagne du mariage du prince William et de Kate Middleton.
Par ailleurs, Patrice Noyelle s’est impliqué dans la vie collective de la Champagne. Il a participé activement aux travaux du Comité Champagne et de l’Union des Maisons de Champagne, défendant sans relâche les valeurs d’origine, de qualité et de tradition.
Lorsqu’il quitte la présidence du directoire en 2013, Christian de Billy salue « un dirigeant qui a su mener la Maison dans une période difficile et construire des bases solides pour poursuivre sur cette lancée ». Patrice Noyelle reste ensuite proche de Pol Roger, au sein du conseil de surveillance, fidèle à cette maison qu’il considérait un peu comme la sienne.
Dans un hommage empreint d’émotion, Laurent d’Harcourt, président du directoire, souligne : « Patrice fut un homme d’exigence et d’humanité, profondément attaché à l’histoire et à l’âme de Pol Roger. Il a su guider la Maison avec une vision claire et bâtir les fondations solides qui nous permettent de poursuivre son œuvre avec fierté. Son héritage restera à jamais gravé dans le cœur de la Maison. »
Plus personnellement, et pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises, je garde le souvenir d’un homme d’une grande courtoisie. Attentif, passionné par son métier, il restait sincèrement attaché à la Champagne et à ceux qui la font vivre.
