Quand elle est habillée par Emilio Pucci, elle révèle une certaine audace. Etonnant destin que cette cuvée connue, mais pas autant qu’elle ne le devrait sauf des afcionados, amoureux de ses courbes et ses vins. La cuvée de prestige de Veuve-Clicquot semblerait s’être inclinée, oserais-je dire sacrifiée, à l’époque devant une autre, la supra pépite du groupe LVMH, en l’occurrence Dom Pérignon auquel de nombreux moyens ont été donnés pour prospérer dans le monde. Ceci expliquant cela, la commercialisation actuelle atteint à peine 60 000 bouteilles. Pourtant ce flacon (plusieurs fois dessiné) est magnifique, dodu et élégant, on a envie de le caresser…une fois vidé (NDLR : pas d’allusions sexuelles !!!) . La Grande Dame, qui en abréviation se nomme « LGD », peut-être considérée comme la danseuse de Veuve-Clicquot, un caprice de chef de maison, un exercice de style pour un chef de caves. Donc on en parlait, on l’attendait, on l’espérait,, ça y est le millésime 2008 vient d’être commercialisé Juste après le 2006. A noter que Veuve-Clicquot a fait l’impasse sur le fameux 2002. « Nous recherchons de la finesse et du minéral pour La Grande Dame, le 2002 est très puissant presque opulent, il est parfait pour nos millésimes mais pas pour la Grande Dame. » On peut ajouter qu’en 2002, le champagne subit le contrecoup de la crise de 2000 en Champagne et les stocks en caves sont encore bien fournis en Grandes Dames 1993, 1995, 1996 et 1998…
Expression ultime du pinot noir
En élaborant cette Grande Dame 2008, Dominique Demarville, a décidé de partir à la recherche de l’expression ultime du style Veuve-Clicquot., « avec un pinot noir, le cépage fétiche de la marque. On joue ce pinot noir dans la fraîcheur et dans sa féminité. Ainsi nous allons ciseler l’assemblage afin de le façonner pour obtenir un bijou qui doit apporter de l’élégance et de la pureté. » Pour ce millésime composé de 92% de pinots noirs et de 8% de chardonnays,, le pari est gagné. » C’est une puissance souple. » commente Dominique Demarville. J’ai eu la chance de la déguster. Deux fois en automne 2018 … et la semaine dernière. Ceci expliquant cela, je vous réécris mes impressions et l’histoire de cette cuvée que j’ai trouvé sublime, le combo gagnant (au nez- en bouche), le plumage et le ramage. Le chef de caves a joué sur son vignoble maison aux deux tiers pour obtenir ce résultat. On y retrouve les crus historiques de Verzy, Bouzy, Ambonnay, Ay, Verzenay. A cela, il a ajouté une petite pincée de… Mesnil-sur-Oger. La touche de fraîcheur ! Il a également joué sur l’année 2008, un millésime exceptionnel pour la Champagne. La maison commercialise en même temps, la Grande Dame Rosé. 2008. Son ADN est le même que sa soeur, avec 14% de « rouges » issus de clos Petit Colin à Bouzy (la parcelle chouchoute de Veuve-Clicquot).
Petite histoire de la Grande Dame
À l’origine, cette cuvée est liée au bicentenaire de l’anniversaire de la création de la maison Veuve Clicquot qui a été célébré en 1972. Le nom de la cuvée est une évidence, il rend hommage à « la grande dame de la Champagne ». C’est Jean Boureux, chef de caves de la maison à l’époque qui fut chargé de son élaboration. « C’est le millésime 1962 qui sera choisi pour fêter l’événement. » Il ne sera commercialisé qu’en très petite quantité. J’ai eu la chance de rencontrer un sommelier dans un restaurant en Italie qui en possédait dans sa cave », raconte Dominique Demarville. Le millésime 1966 qui marque réellement la diffusion du flacon dans le monde. À l’époque la forme de la bouteille est très différente. Un collector. Elle évoluera en 1985 pour laisser place à ses rondeurs actuelles. « En 1985, elle a bénéficié d’un tirage dans les deux modèles. » Pour l’anecdote, la Grande Dame représentait le seul vin français en 1986 lors du dîner célébrant le centenaire de la Statue de la Liberté à New York. A noter que la Grande Dame 2008 a été classée dans le top 10 des meilleurs vins de l’année par le guide Bettane et Dessauve 2019 (Bonvivantetplus lire ici)
